Aimer Perdre

Le grand talent de Lenny et Harpo Guit est mis au service d’une grande et délicieuse malveillance. Aimer Perdre est non seulement l’un des films les plus drôles que l’on ait vu cette année, il est aussi d’une qualité de mise en scène rare… mais cette qualité est mise au service d’un film un peu comme un cheveu gras, qui fonctionne comme une incursion poisseuse dans les tripots de la défaite. Cette stratégie de l’échec porte pourtant ses fruits, tant on sort du film avec le sentiment que quelque chose d’essentiel s’est passé. C’est peut-être dans sa façon de relier avec sincérité sa culture de la lose à des constats sociologiques précis, ou de faire déborder l’écriture comique par un surplus d’incarnation qui trahit le réel… mais surtout, au milieu des excès de sébum et des jaillissements de fluides divers, les frères font cap vers nos premiers désirs de cinéma : des émotions bien trop chargées pour nos cœurs d’artichauts.  

Pierre Guidez