Le Temps des grâces

Bien avant que l’écologie ne soit un thème central de l’actualité médiatique, Dominique Marchais pose les jalons de ce qui constitue l’essence de son cinéma, celle de l’exploration des liens qui unissent l’homme à son environnement. En prenant le temps d’écouter différentes personnes du monde agricole, le film se déploie à travers une dialectique passionnante, qui explique et nous intègre dans sa réflexion sur la façon dont la politique agricole est menée aux dépens de ses acteurs et de l’environnement. Contrepoint à ce qu’avait pu faire sur un ton un plus émotionnel Raymond Depardon sur le monde paysan avec La Vie Moderne, on y apprend notamment qu’il faut minimum 15 ans pour transformer un sol. Dès lors, revoir aujourd’hui ce film sorti en salles en 2010 ancre encore plus le rôle du cinéma dans sa capacité à être visionnaire sur les sujets essentiels. Au-delà du constat implacable savamment mis en scène, Le Temps des grâces propose de nombreuses pistes de solutions. Vivifiant ! - Natacha Seweryn -