Édito // DÉSOBÉIR
À l’heure où les rapports de dominations semblent se fissurer, où les puissants semblent nous dire « après nous le chaos », que peuvent les films ? Si le cinéma de patrimoine et les blockbusters regorgent de figures héroïques, qu’en est-il de la nouvelle génération de cinéastes qui vit maintenant la dystopie dans la vraie vie ? Dans Les Femmes au balcon, Noémie Merlant signe une comédie politique horrifique, excessive, jusqu’au-boutiste et sans concession qui donne le ton de la prochaine édition. Ses héroïnes dompteuses de fantômes qui explorent leurs failles dans une sororité joyeuse et exubérante nous feraient presque aimer les monstres qu’elles combattent. Des hommes et des femmes qui se trompent, qui se perdent et qui se pardonnent. Voilà nos nouveaux héros. Qu’il s’agisse de désir et de frustration chez Miséricorde d’Alain Guiraudie, de fuite et de poursuite dans le Grand Tour de Miguel Gomes ou d’une nécessaire violence chez Coralie Fargeat et Noémie Merlant, toustes se rejoignent à un endroit et pas vraiment du côté de la morale. L’insoumission et la désobéissance, des idées qui traversent cette édition, qui l’ouvrent et la clôturent. Dans Planète B d’Aude Léa Rapin, il est question d’effondrement, de crise climatique, de dérive sécuritaire et de désobéissance civile. Un récit émancipateur où les femmes sauvent le monde. «Pas seulement pour une question de représentation de la femme mais aussi et surtout parce que c’est un récit qui m’a manqué. » explique la cinéaste. Ces nouveaux récits qui osent renverser la table nous ont permis d’accéder à de nouveaux ailleurs. Nous voulons partager des films qui pansent nos plaies dans l’imaginaire et nous donnent du courage dans le réel.
Grille de programmation
Cérémonies d'ouverture et de clôture
Ces deux temps forts du festival seront suivis d’une soirée au Village Mably.
En Compétition
Compétition Internationale longs métrages
La compétition internationale met en lumière le meilleur du cinéma indépendant de
2024. Elle a été concoctée avec la complicité des 6 membres du comité de sélection,
tous étroitement liés à la ville de Bordeaux et à la région Nouvelle-Aquitaine, à partir
de 460 propositions discutées collectivement. Tous les cinéastes seront présents
pour rencontrer le public bordelais. La sélection est variée, allant de la comédie,
au documentaire, jusqu’au film de genre en passant par le drame. Toutefois,
chaque œuvre pose, à sa façon, cette question : comment transformer la violence
d’un destin, d’une maladie, d’une filiation, d’une situation politique ou de l’état du
monde en un espace plus vivable ? Déjouant les clichés, et les pensées simplistes,
notre sélection de films s’efforce de bâtir ce lieu de cinéma, comme une utopie
pérenne, rendue possible grâce aux rencontres, aux liens, et aux souvenirs d’une
programmation.
Compétition Contrebande
La sélection s’est construite grâce aux regards de deux programmateurs permanents,
et nouveauté de cette année, des 4 services civiques du Festival, en médiation,
partenariats, communication et programmation. Depuis 2016, la compétition «
contrebande » se focalise sur des films qui se font en dehors des règles classiques de
financement. Elle s’intéresse au processus de création, tout autant qu’au film terminé.
Cette sélection cherche des œuvres qui naissent de la contrainte, qui se concrétisent
malgré le refus de certains financements, ou qui s’appuient sur des économies
alternatives, et, ce faisant, inventent de nouvelles grammaires cinématographiques,
originales et innovantes. Issue de pays francophones, cette sélection met au centre
les films qui se font « à côté », aux détours des sentiers balisés de la production
cinématographique. Au cœur de cette nécessité, suintent l’émotion et le plaisir de
créer.
Programme Contrebande n°1
Programme Contrebande n°2
Programme Contrebande n°3
Compétition française courts métrages
Concoctée avec la même équipe que celle en charge des films de contrebande, 9
courts métrages ont été retenus, après de longues et passionnantes discussions, à
partir de 346 propositions. Les films choisis mettent en avant des univers singuliers de
cinéastes, privilégiant les films jamais (ou peu) montrés. Les cinéastes seront présents
pour échanger avec le public après chaque séance, du romantisme redéfini par la
virtualité numérique, en passant par les films qui mettent en lumière les zones grises,
jusqu’au drame lyrique et la comédie politique.
Programme courts n°1
Programme courts n°2
Programme courts n°3
Hors compétition
Rétrospective Miguel Gomes
Auréolé du Prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes pour son film Grand Tour, le cinéaste portugais Miguel Gomes nous a fait l'immense honneur de sa venue en France afin de présenter l'ensemble de son oeuvre, pour la première fois.
Avec son audace narrative, son exploration de la culture portugaise, et son vivifiant mélange entre fiction et documentaire, Miguel Gomes n'a cessé d'expérimenter tout au long de sa filmographie, avec l'envie de s'écarter d'un cinéma trop conforme. Ce véritable auteur au regard unique et libre enchantera cette 13ème édition avec la malice et la fantaisie de ses films.
crédit photo : Patricia Neves Gomes
Trilogie Les Mille et une Nuits
Double programme Miguel Gomes
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Focus Guiraudie
Alain Guiraudie sera présent en octobre au FIFIB pour présenter, en avant-première, son dernier film Miséricorde.
Un film d'automne qui résonne très fort avec son chef d'oeuvre estival L'inconnu du lac, que vous pourrez redécouvrir sur grand écran à cette occasion.
L'inconnu du lac semble faire office de définition inépuisable du cinéma de Alain Guiraudie : le soleil, la plage, un fait divers sordide, des corps nus, variés, du sexe cru. En se saisissant cette fois aussi d'un fait originel de la fiction de cinéma (un meurtre, une enquête), Miséricorde, dans son décor de forêts d'automne, avec son prêtre chaste, ses chemise en flannel et ses utopies, est une nouvelle pierre
à l'édifice d'un Guiraudie qui transforme tous ses effets, sans ne jamais perdre ni son identité ni sa beauté. Un programme, deux chefs d'oeuvres qu'on a hâte de vous montrer !
crédit photo : Hélène Bamberger / les films du losange
Focus Coralie Fargeat
En seulement deux longs métrages, la réalisatrice française a imposé une identité singulière dans le paysage cinématographique international. Son approche du film de genre, qui subvertit le "male gaze" prolonge dans le gore et le sang ce concept théorisé par Laura Mulvey (venue rencontrer le public du FIFIB en 2021). Son dernier film, The Substance, avec Demi Moore et Margaret Qualley a reçu le Prix du scénario au festival de Cannes.
Coralie Fargeat, invitée du FIFIB, sera présente pour les projections de The Substance : jeudi 10 octobre 21h00, UGC Ciné Cité Bordeaux, et Revenge : jeudi 10 octobre 16h45, Cinéma Utopia
crédit photo : Christine Tamalet
Se Défendre
En évoquant ce titre on pense immédiatement à l’ouvrage d’Elsa Dorlin «Se défendre,
une philosophie de la violence» qui documente un ensemble de tactiques défensives
structurées par des populations esclavagisées, colonisées et dominées par un vaste
continuum colonial.
Face aux narratifs hégémoniques destinés à effacer leurs récits, sortons du champ
universitaire et accueillons des films, des images, des sons qui résistent par tous les
moyens.
Comme les tonalités clandestines d’une transmission en morse, ils arrivent jusqu’à
nous depuis la Palestine, depuis le Liban, depuis le Sahara occidental, échappant au
brouillage des ondes et aux tentatives de destructions totales, pour construire, encore
et toujours, les motifs de leur libération.
Programme Se Défendre n°1
Programme Se Défendre n°2
Extraits choisis à partir des collections Some Strings et Video Tracts for Palestine, présentés par Selim Bentounes.
Mercredi 9 Octobre 14H à la Cour Mably, entrée libre.
Programme Se Défendre n°3
Avant-premières coups de coeur fictions
Cette sélection offre un panorama de certains de nos films préférés de cette
année. Certain-e-s des réalisateurs-rices sont déjà venus au festival, d’autres pas
encore. Dans les deux cas, nous tenions fermement à ce qu’ils puissent venir et
présenter leur film lors de cette 13ème édition.
Avant-premières coups de coeur documentaires
Cette année, nous avons voulu dédier une catégorie spéciale pour mettre en avant
certains documentaires que nous avons particulièrement aimé. A travers une
sélection hétéroclite, vous découvrirez des films qui nous ont beaucoup interrogé
et nous ont beaucoup fait parlé.
Hommage à Pascale Ogier
Il y a 40 ans, le 29 août 1984, sortait Les Nuits de la pleine lune d'Eric Rohmer avec la sublime Pascale Ogier. Deux mois plus tard, le 25 octobre, elle disparaissait brutalement à l’âge de 25 ans. La fille de Bulle Ogier, était pourtant devenue en seulement quelques films une figure inoubliable.
N’est-elle pas elle-même l’une des présences fantomatiques les plus iconiques du cinéma français? Avec Rivette, elle est Baptiste, karatéka à mobylette du Pont du Nord. Chez Rohmer, c’est l’étoile filante qui illumine Les Nuits de la pleine lune. Et pour Jarmusch : " Elle était une personne. Elle était comme personne."
Carte blanche CAPC
Cette édition sera une nouvelle opportunité de prolonger les liens déjà tissés avec le CAPC, autour de trois temps forts : le premier sera la projection de Ghost Dance de Ken Mc Mullen, en écho à l'exposition Itinéraires Fantômes (voir l'hommage à Pascale Ogier). Le deuxième est la projection-évènement d'exergue - on documenta, série fleuve sur une des manifestations les plus importantes de l'art contemporain, qui sera projeté au CAPC. Le troisième temps fort sera la projection des courts métrages de Lucy Beech, en complément du cycle vidéodrame, nouveau programme dédié à l'image en mouvement et au film d'artiste.
Focus Lucy Beech
Carte blanche à Deimantas Narkevicius
Dans le cadre de la saison de la Lituanie en France 2024, Deimantas Narkevičius, artiste et cinéaste lituanien, propose une programmation de courts métrages et d'œuvres de cinéma et d’art vidéo contemporains. Chaque film y a été choisi avec l’objectif de transcender les clichés culturels pour favoriser un espace de dialogue et ainsi interroger les genres. La provenance variée des cinéastes, qu'elle soit liée à leur sphère créative, individuelle ou sociale, offre une vision nuancée et plurielle de la scène artistique lituanienne contemporaine.
Programme 1 (62 minutes) :
Dans ce premier programme de courts métrages pensé par Deimantas Narkevicius, huit films de 2017 à 2024 explorent la diversité du cinéma lituanien contemporain dans des approches visuelles étonnantes, du cinéma d'animation, à la prise de vue réelle jusqu'à des propositions expérimentales.
Gimimas - Eglė Davidavičė
Demichovo suo - Anastasia Sosunova
Sine Anima - Antanas Skučas
Atkurimas - Laurynas Bareiša
Corolla - Gintautė Skvernytė
I Put On The Ivy Crown - Emilija Noreikaitė
Ootide - Eglė Razumaitė
Sirenomelia - Emilija Škarnulytė
Programme 2 (72 minutes) :
Le deuxième programme se compose de 4 courts métrages de fiction, dont un (Places) a été présenté à Venise en 2020. Chaque film permet de découvrir une approche esthétique particulière en lien à des histoires originales, comme The Last Day.
Pasktuine diena - Klaudija Matvejavaitė
Miegamas rajonas - Vytautas Katkus
Agents - Anastasia Sosunova
Naiku - Pijus Mačiulskis
Programme 3 (75 minutes) :
Ce troisième programme témoigne d’une hybridation dans un jeune cinéma lituanien, qui navigue entre des formes expérimentales, issues des beaux-arts ou de la fiction traditionnelle… et parfois des trois en même temps. Quatre films dans lesquels on marche beaucoup, et qui offrent un patchwork ambivalent sur la Lituanie, prise dans un étau entre désir de s’enfuir (pour aller se réfugier dans des clubs berlinois) et fascination pour un passé (quand on circule dans des paysages de statues déboulonnées).
Feedback - Simona Žemaitytė
Kolektyviniai sodai - Vytautas Katkus
Techno mama - Saulius Baradinskas
97'/24' - Saulė Šmidtaitė
Footstones in Night Writing - Emilija Škarnulytė
Hors-compétition courts métrages
Séance COMETT
Après le film, celui ci sera commenté par un programmateur afin de faire découvrir au
public les enjeux de l’analyse cinématographique.
Cette séance sera présentée en partenariat avec COMETT, plateforme d’éducation au
cinéma à destination des enseignants et des professionnels de l’éducation à l’image.
Jeudi 10 Octobre 14H à la Bibliothèque de Mériadeck, entrée libre.
FIFIB Jeunes
DJ Mehdi : Made in France
La série DJ Mehdi : Made in France de Thibaut de Longeville sera diffusé gratuitement et en plein air au Village Mably les 8,9,12 et 13 octobre à 20h30.
Le réalisateur sera présent pour la diffusion de l'épisode 5, samedi 12 octobre à 20h30.